Albert Roussel

Artiste de renom, Albert ROUSSEL (1869-1937) passe son enfance à Tourcoing où il découvre la musique, une passion qui ne le quittera plus. Son esprit aventurier le conduit pourtant à s’engager dans la marine et à sillonner les mers, avant de tout quitter pour devenir un compositeur de talent.

01_1098_01_02

JEUNESSE

Albert Roussel naît à Tourcoing, le 5 avril 1969. 

Ses parents, Albert et Louise sont négociants, ils sont domiciliés rue de l'Hôtel de ville (actuellement 10, rue du général Leclerc). Son grand père Achille est fabricant de tapis, il réside rue de Lille.

Sa mère lui donne très tôt goût à la musique. 

Dans son ouvrage biographique Albert Roussel aux éditions Bleu Nuit (Collection Horizons, 2006), , Damien Top évoque les leçons de solfège que celle-ci lui donnait puis « pour se rappeler la tendre affection de la disparue, Albert s'installait au piano en égrenant les valses de Gatien Marcailhou, les fantaisies et bluettes en vogue ».                                                   

03_782
Photographie d’Albert Roussel enfant et maison natale, Archives Damien Top.
                                         

Ses parents décèdent en 1877. Albert est recueilli par son grand-père, Charles Roussel-Defontaine, alors Maire de la ville de Tourcoing. Peu de temps après, il rentre à l’Institution libre du Sacré-Cœur où il bénéficie d’une éducation musicale.

Dans une lettre à Jules Watteuw, il écrit « Quand j’évoque dans mes souvenirs d’enfance la construction de notre Hôtel de Ville dont s’occupa si activement mon grand’père et d’autre part, la silhouette lointaine du château du Bailli que j’ai encore connu, je comprends davantage combien sont indéracinables les liens qui nous attachent à la terre natale », Archives Damien Top. 

En 1879, au décès de son grand-père, Albert est accueilli chez son oncle et sa tante : Eugénie et Félix Réquillart. 

05_1098_08
Dossier pour la constitution du timbre Albert Roussel, Famille Roussel et Albert Roussel, don J. Batteau 24.1 Centre d’Histoire locale.

En parallèle de ses études, sa tante l'inscrit à des leçons de piano auprès de l'organiste de Notre-Dame des Anges, Mademoiselle Decrème : « Le zèle de l'élève, ses progrès rapides, la facilité avec laquelle il jouait par cœur le firent passer pour un phénomène. Le voici qui improvisait au piano dans le salon mettant à l'épreuve la patience de sa famille ». [Damien Top, Albert Roussel, Bleu Nuit, 2006] » 

Inspiré par la lecture de Jules Verne, Albert Roussel quitte assez tôt Tourcoing, poussé par son esprit aventurier. Il part à 15 ans au Collège Stanislas de Paris pour se préparer à l'Ecole navale, qu'il intègre en 1887. Il embarque sur le Borda, le navire-école qui se trouve à Brest. 

La musique ne quitte jamais le jeune marin qui trouve toute occasion de pianoter. C'est lors de ses voyages qu'il s'essaie à ses premières compositions.

Mais après plusieurs croisières et un service de quelques années dans la marine, Roussel souhaite prendre un congé pour approfondir ses connaissances musicales auprès de Julien Koszul au Conservatoire de Roubaix. Impressionné par les dons exceptionnels de son élève, celui-ci encourage Roussel à poursuivre ses études à Paris avec Eugène Gigout.

Après réflexion, le marin décide de changer de cap : il deviendra compositeur ! À 25 ans, il démissionne de l’armée et s’installe dans la capitale.

Roussel consacre désormais tout son temps à la musique. Eugène Gigout lui enseigne l’harmonie et l’art du contrepoint. Ses premières compositions rencontrent un vif succès. Voilà qui rassure le musicien d’avoir choisi cette voie.  D’ailleurs, la Sacem lui décerne des prix pour deux madrigaux.
En 1898, Roussel se rend auprès de Vincent d'Indy, célèbre professeur à la Schola Cantorum. Dans cette école, il devient lui-même professeur de contrepoint pendant une dizaine d’années.

Considéré comme le chef de file de la nouvelle école française, Roussel composera, jusqu'en 1937, une œuvre éclectique allant de l'opéra-ballet au lyrique en passant par la musique sacrée, la musique de chambre, la musique symphonique et la musique pour orchestre d'harmonie

ŒUVRE MUSICALE

Comme compositeur, sa première œuvre pour orchestre, Résurrection, est créée par Alfred Cortot en 1904. Cette même année, il compose sa Symphonie n° 1. Albert Roussel écrit également de nombreuses mélodies pour chant et piano, ainsi que des œuvres de musique de chambre. Avec ses premières œuvres, le style du compositeur, centré sur la rythmique, commence à s’affirmer.

Roussel a 39 ans lorsqu’il épouse Blanche Preisach. Peu de temps après leur mariage, les amoureux découvrent l’Inde et le Cambodge. Le compositeur, charmé par l’exotisme des ces pays, rapporte de ses voyages de nombreuses impressions et trouve de nouvelles inspirations musicales. En souvenir, il compose un triptyque symphonique avec chœur, les Évocations. En 1912, il obtient un très grand succès avec son ballet Le Festin de l’araignée.

Deux ans plus tard, la guerre éclate. Roussel, grand patriote, interrompt son enseignement pour réintégrer l’armée. Bien qu’il soit réformé, il s’engage dans le convoi automobile de l’armée de terre. Durant ses quatre années de guerre, il entreprend la composition d’un opéra-ballet, Padmâvatî, en souvenir de la ville de Tchitor qu’il visita en Inde.

Après une mission à Verdun et une fois rentré à Paris, Roussel reprend ses activités musicales en continuant son enseignement privé. Professeur réputé, il forme de nombreux élèves. À partir de 1920, l’activité créatrice de Roussel est intense. Il compose notamment Pour une fête de printemps, lumineux poème symphonique très rythmé, ou encore Joueurs de flûte, célèbre œuvre pour flûte et piano. Grâce à ses succès, il s’offre une maison au bord de la mer à Varengeville, un endroit idéal pour composer.

Devenu célèbre, Roussel voyage aux États-Unis et assiste dans la ville de Boston à la création de sa Symphonie n° 3. L’année suivante, son ballet Bacchus et Ariane est créé à Paris et Aeneas est joué à Bruxelles. Roussel, fatigué, quitte Varengeville et s’installe à Royan à cause de sa santé fragile. Il y meurt le 23 août 1937.

Albert Roussel

UN LANGAGE TRÈS PERSONNEL

Albert Roussel s’est donné entièrement à la musique. Son expérience de marin ainsi que ses nombreux voyages font de lui un grand contemplateur. À l’opposé des compositeurs romantiques chez qui la musique déborde de grands sentiments, Roussel était un homme réservé et pudique mais doté d’une fabuleuse imagination. S’il fut dans un premier temps influencé par Debussy et son maître Vincent d’Indy, il trouve rapidement son langage personnel caractérisé par des mélodies amples aux lignes courbes, des harmonies raffinées et des rythmes accentués. Le compositeur avait le goût des œuvres bien construites où la musique se suffit à elle-même.

POSTÉRITÉ

Elle s'est exprimée sous différentes formes : 

1969: Édition d'un timbre à son effigie à l'occasion du centenaire de sa naissance

1977: Création de l'Association Les amis belges d'Albert Roussel avec la publication de deux Cahiers Albert Roussel.

1992 : Création par Damien Top du Centre international Albert-Roussel, permettant ainsi la promotion du compositeur, également à travers le Festival international Albert-Roussel qui a lieu chaque année dans le Nord-Pas-de-Calais et en Belgique.

2019 : Inscription aux Commémorations nationales pour le 150ème anniversaire de sa naissance.

L’œuvre de Roussel est régulièrement célébrée à Tourcoing. 

09_1367_Marie
Flyer des événements : Albert Roussel (1869-1937) - Souvenons-nous ; Tourcoing célèbre Albert Roussel 70 ans après sa mort : expo, concert et conférence du 23 novembre 2007 au 17 février 2008, Archives municipales de Tourcoing, 35Fi219.